Au sommaire du numéro 212 de janvier - février 2021 :
Après la guimbarde que nous avons abordée dans Le Bouvet n°207, il est temps de s’intéresser au guillaume ! Avant de savoir l’utiliser, cet outil avait pour moi quelque chose de très abstrait : j’avais beaucoup de mal à saisir l’intérêt que ce rabot particulier pouvait avoir ! Surtout que son design relève plus de la Lada Niva que des formes élancées et voluptueuses des varlopes modernes... Pourtant, le guillaume fait bien partie de la famille des rabots dits « d’assemblage » (guimbarde, bouvet, feuilleret…) et il présente un atout majeur pour qui veut sérieusement améliorer la précision de ses assemblages.
Tout jeune, j’étais déjà passionné par le travail du bois. Et même si je n’en ai pas fait mon métier, j’ai continué à m’y intéresser de près jusqu’à investir dans une machine combinée. En tant qu’autodidacte, le défi ultime était pour moi de fabriquer un escalier. J’ai mûri ce projet tout doucement, au fil de mes réalisations, jusqu’à me sentir prêt et avoir assez de temps disponible pour me lancer. À force de recherches, j’avais découvert, au travers de mes pérégrinations sur Internet, une technique qui me semblait à la fois en adéquation avec mon matériel et mon expérience. Je pouvais dès lors envisager de remplacer le vieil escalier grinçant de mon père par un autre plus moderne, dans l’air du temps : un escalier quart tournant, à crémaillère centrale « débillardée ».
Voilà quelques années, lors de soldes, j’ai eu l’occasion d’acquérir un fauteuil de relaxation au design « vintage ». Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai découvert que ce meuble, fabriqué en Suède par Nelo, était une réédition d’un fauteuil appelé « Kroken » conçu au cours des années 1970 par Ake Fribyter, designer scandinave (1922-1998). Ce siège est très confortable… mais un repose-pieds serait le bienvenu ! J’ai d’ailleurs pu constater que ce dernier avait été fabriqué à l’époque de la commercialisation du fauteuil. J’aurais pu tenter de faire un semblant de copie de cet accessoire manquant, mais j’ai choisi une conception en lamellé-collé, telle la pièce principale. Un choix qui, dès le début, s’avéra plus complexe que je n’avais imaginé. Je vous fais part de cette expérience : vous allez pouvoir en tirer des conclusions et éviter les écueils.
Loin de la capitale, j’éprouve souvent des difficultés à m’approvisionner en placages aux dimensions souhaitées. De plus, ces derniers sont souvent fort onéreux pour l’amateur que je suis. Fabriquer soi-même du placage reste délicat et l’on est souvent contraint, comme les anciens, de mettre en œuvre des placages épais. En effet, on ne peut guère prétendre descendre sous les trois millimètres avec une raboteuse sans que la feuille de bois n’éclate. La solution du rabot et du racloir reste envisageable sur du bois de fil. C’est ainsi que je procédais jusqu’à ce que, en 2013, je transforme ma toupie en ponceuse/calibreuse. Cette méthode me permet de tirer des placages à 6/10 mm. Certes, je suis limité par la largeur de mes feuilles, néanmoins, je n’y vois pas d’inconvénients majeurs.
La toupie est à mon sens la machine la plus polyvalente. Il m’arrive ainsi de l’utiliser avec une lame de scie compatible ou un outil à rainer, pour des usinages tels que la découpe de couvercle de boîte, la réalisation de feuillures, la découpe de joues de tenons, voire, moyennant quelques précautions, la refente d’éléments épais. Seulement, pour toutes ces utilisations, un guidage horizontal complémentaire au niveau de la joue de sortie peut s’avérer utile, voire nécessaire. En effet, il arrive que les éléments se déforment en cours de sciage ou que tout simplement la partie supérieure de la pièce s’affaisse sous son propre poids. C’est notamment le cas lorsque je déligne du placage. J’ai donc remplacé les joues de mon guide de toupie par de nouvelles, en intégrant une sorte de couteau diviseur sur la joue de sortie. Il est réglable en hauteur et permet de guider et soutenir la partie de la pièce laissée dans le vide en sortie d’usinage qui, sans cela se verrait très certainement altérée.
Dessiner l’escalier de John Brun étudié dans l’article précédent, notamment sa crémaillère centrale, requiert quelques connaissances en dessin industriel, également une bonne pratique de l’exercice et naturellement beaucoup de soin. Ces aptitudes s’acquièrent et s’entretiennent. La présence de plusieurs vues (face, dessus, côté, développement…) suppose que l’on sache lire ce type de représentation. Si on ne possède toutes ces aptitudes, les trouvant quelque peu arides et n’ayant pas souvent l’occasion de les utiliser, il existe une alternative : la modélisation en trois dimensions à l’aide d’un logiciel de conception assistée. Certes, là encore, il faut en apprendre les bases et en acquérir la pratique. Nous allons voir néanmoins que pour ce type de projet, SketchUp s’avère relativement simple à utiliser et permet d’arriver assez rapidement à une modélisation suffisamment précise pour obtenir toutes les informations nécessaires et partir à l’atelier afin de lancer la fabrication.
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48 pages
Format: 21 x 29,7 cm
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